Dans la grisaille d’un dimanche matin d’automne, après un mauvais calcul de décalage horaire et un premier rendez-vous manqué, je rencontre Audrey, qui me partage un petit morceau de leur grand voyage. A la tête d’une famille d’aventuriers en herbe, elle est partie avec Xavier, son conjoint, et leurs 3 enfants à la découverte du monde, entre l’Amérique du Sud, l’Océanie et l’Asie. 

Nous nous retrouvons, par écrans interposés, pour parler voyage en famille, échange de maison et surtout de l’importance de donner lorsque l’on reçoit. 

Famille Borry à l'aéroport

Bonjour Audrey, alors dites-nous tout : qui êtes-vous et que faites-vous ?

Audrey : Nous sommes une famille de 5, je suis chirurgienne orthopédiste et Xavier est consultant en ressources humaines. Nous avons 3 enfants : Louve, 2 ans, Grégoire, 6 ans et Gaspard, 9 ans.

J’ai beaucoup habité à l’étranger et voyagé étant jeune, et j’ai toujours eu cette petite idée dans un coin de ma tête de faire un tour du monde, mais sans jamais rien envisager de concret. L’idée s’est précisée l’année dernière, à un moment où j’avais beaucoup de travail, je ne voyais pas souvent mes enfants, puis j’ai vu ce documentaire en garde à l’hôpital [ ndlr : Génération Tour du Monde – des Coflocs ]. Je crois que, quand j’ai vu tous ces profils de voyageurs très différents, certains avec un gros budget, d’autres avec un tout petit budget, certains en vélos, d’autres en bateau… je me suis dit : et pourquoi pas nous ? Pour moi, le message de ce reportage était clairement : cela ne sert à rien d’attendre. Nous n’avons pas forcément besoin d’avoir gagné au loto pour faire le tour du monde. Il y avait toujours la possibilité de trouver l’alternative qui nous correspondrait…

Et après avoir pris conscience de tout ça, comment est-ce qu’on le traduit concrètement ? 

Audrey : Louve, notre plus jeune fille, avait 2 ans, j’avais donc le droit à un congé parental, ce qui est pratique quand on travaille à l’hôpital car, pour n’importe quelle autre raison, on ne m’aurait jamais laissé partir [rires]. On s’est dit que c’était le moment d’en profiter. Nous sommes partis 8 mois après avoir commencé à réfléchir à ce voyage. 

Ah oui c’est du rapide ! Comment l’avez-vous annoncé à votre famille ? 

Audrey : Je m’en rappelle très bien, c’était fin août 2021, ma famille était en vacances sans moi, je les ai appelé et j’ai dit aux enfants “bon bah voila l’année prochaine on va aller faire le tour du monde !”.  Leur père a dit “quoi qu’est ce que c’est que ce truc?!”, je lui ai dit “non ça va, ne t’inquiète pas, on en reparlera la semaine prochaine…” et voilà. A la base, c’est vrai que c’était plutôt mon idée, mais ils m’ont vite suivi, et avec le congé parental, il fallait que tout se fasse assez vite. En même temps nous n’avions pas beaucoup d’autres raisons d’attendre… 

Et pour l’itinéraire de voyage ? 

Audrey : Nous sommes partis début avril 2022, pour un voyage de 10 mois au total. On a commencé par l’Amérique du Sud : Costa Rica, Pérou, Bolivie, Équateur / Galápagos, Colombie puis Océanie : Polynésie, Nouvelle Zélande. En ce moment nous sommes en Australie, que l’on quitte dans quelques jours pour basculer sur l’Asie avec Indonésie, Cambodge, Vietnam, Laos et Thaïlande. 

Et comment United Schools est arrivé dans tout ça ? 

Audrey : Ce que je voulais, c’était que ce tour du monde signifie quelque chose pour les enfants, qu’ils n’aient pas l’impression que ce soit juste la fête et les vacances pendant 10 mois et que tous les pays que l’on visite soit juste des destinations semblables les unes aux autres… J’avais besoin qu’ils se rendent compte que, dans les pays dans lesquels nous allions aller, il y avait des gens qui y vivaient, des enfants qui allaient à l’école…

Je pensais donc à visiter des écoles pour que cela leur fasse une sorte de marqueur repère, un point de comparaison précis et compréhensible, qu’ils puissent mesurer la différence de culture par ce biais là. Dans cette optique, j’ai recherché des témoignages de personnes qui avaient visité des écoles durant leur tour du monde et c’est comme ça que je suis tombé sur United Schools ! A l’époque, ils étaient justement en train de lancer leur programme Ambass’acteurs. Nous avons donc intégré le programme parmi la première génération et nous avons fait les séances en visio lors desquels nous avons été formés et accompagnés dans notre rôle. 

Ça nous a tout de suite beaucoup plu, j’en ai même parlé aux écoles de mes enfants pour qu’ils s’inscrivent avant de partir. 

En voyage, beaux paysages d'amérique latine

Quand on est en tour du monde, comment on s’organise pour prévoir ces visites d’écoles ?

Audrey : Il est vrai que nous voyageons un peu trop vite, on a du mal à se limiter, on a trop envie de tout voir et de tout faire [rires]… On est parfois pris par le temps et pour le moment, nous n’avons pas visité d’école dans tous les pays dans lesquels nous avons voyagé.

On a visité une petite école à la campagne au Costa Rica, mais en Bolivie par exemple, on a plutôt agit par intermédiaire. On a rencontré une famille qui allait visiter une école, on leur a parlé de United Schools, qui en a parlé par la suite à l’école et c’est comme ça que l’école à rejoint le réseau !

Pour la visite d’une école aux Galápagos, on avait préparé une petite vidéo de présentation avec les enfants, c’était super sympa, puis on les a mis en contact avec Stéphane (ndlr: le directeur de l’association et coordinateur du programme avec ses bénévoles).  

En Nouvelle-Zélande, c’était les vacances scolaires et en Australie on a vraiment pas eu le temps… Pour la suite de nos aventures, j’ai contacté une école à Singapour mais vu qu’on y reste très peu de temps, je ne sais pas si l’on va pouvoir s’organiser… Mais on espère avoir plus de temps en Indonésie et on a déjà quelques contacts pour le Cambodge, ce qui est plutôt bon signe. 

Comment prenez-vous contact avec les écoles ? 

Audrey : Vu qu’on voyage beaucoup avec des échanges de maisons, nous avons souvent des contacts sur place. Nous contactons les établissements scolaires par ce biais-là. On s’aide aussi parfois des groupes Facebook et autres communautés sur les réseaux sociaux.

Par exemple pour le Costa Rica, notre maison était juste en face de l’école du village et la personne chez qui on logeait nous a simplement accompagné là-bas. 

Aux Galápagos, une française qui y habitait, avait son fils dans une école. Nous l’avons visité par la suite. En Colombie, nous avons rencontré une école que l’on a découvert via le propriétaire de la pension dans laquelle nous dormions. Au détour d’une conversation, nous leur avons demandé s’ ils connaissaient une école aux alentours et, effectivement, il y avait cette petite école perdue dans la jungle, dans une communauté indigène. 

Donc finalement, je n’ai jamais eu à contacter une école comme ça, sans qu’elle nous ait été fléchée par des locaux au préalable. 

Et l’échange de maison, comment ça marche ? 

Audrey : Lors de la préparation de notre voyage, on a commencé par regarder sur des blogs pour des conseils et recommandations d’autres voyageurs et on est vite tombés sur le système d’échange de maison. Nous avons donc décidé de faire pas mal d’échanges et c’est vrai, qu’avec des enfants, on a besoin d’espace et d’un peu de confort. C’est un mode de voyage qui est très pratique, économique et surtout super sympa. On utilise un site, Home Exchange, qui est visiblement le leader mondial dans ce domaine. Nous avons prêté notre maison à plusieurs personnes avant le départ. En échange nous avons récolté des points. Ils nous permettent de loger ensuite chez d’autres personnes. C’est finalement une communauté en ligne avec des personnes qui prêtent leur maison. Nous avons commencé il y a un an et, aujourd’hui,  cela fait complètement partie de notre mode de voyage.   

Quelle place prend votre rôle d’Ambass’Acteurs dans le voyage ? 

Audrey : A la fois une petite place et une très grande. Petite dans le sens où, cela n’impacte pas notre itinéraire, puisqu’on voyage via un billet tour du monde dans lequel on a choisi nos destinations avant de partir.  Donc nous prenons vraiment les choses par opportunisme. C’est à dire qu’on arrive dans un endroit, les rencontres ont lieu, on se renseigne un peu en amont et parfois, ça débouche sur des visites… C’est aussi simple que ça. Et puis en terme de temps, ce n’est pas hyper chronophage. En fait, la manière dont notre rôle d’Ambass’Acteurs prend beaucoup de place c’est parce que nous en parlons beaucoup.  Toute la famille est partie prenante et même les enfants s’investissent beaucoup. On leur demande de préparer des choses lorsqu’on fait des visites… 

Dans une école

Comment voyagez-vous ? 

Audrey : Alors nous avons pris un billet tour du monde, on a choisi nos destinations à l’avance, on a des étapes qui sont fixes, mais avec la possibilité de modifier la date du voyage quand on a envie de rester plus longtemps quelque part. Nous l’avons déjà fait plusieurs fois. Le gros du circuit est déjà prévu. 

Vu qu’on a préparé notre voyage en temps de covid, il y avait encore plein de frontières terrestres fermées. On a dû beaucoup prendre l’avion pour passer d’un pays à un autre, surtout en Amérique du Sud, au début de notre voyage. 

Pour les déplacements internes, en général, on s’adapte au pays que l’on visite. En Amérique du Sud, on a tout fait en transports en commun :  bus et bus de nuit, parce que c’est très bien fait là-bas. Sauf au Costa Rica, où nous avons loué une voiture puis un van en Nouvelle Zélande… [rires] Nous n’avons pas eu très beau temps et donc, à 5 dedans, nous étions un peu serrés.

En Asie

Vous qui avez l’habitude de voyager en solo depuis toujours, qu’est ce que ça change de voyager en famille ?

Audrey : On planifie un peu plus, donc on s’organise. On est quand même 5, les enfants sont trop petits pour dormir dans des chambres séparées. Donc nous avons besoin d’une grande chambre. Quand je voyageais seule, je pouvais me permettre de vraiment voir au jour le jour et de réserver à la dernière minute. Là, on doit planifier en amont pour être sur d’avoir une chambre assez grande pour les 5. Après nos enfants sont très cools, même la petite, qui, quand nous sommes partis, avait moins de 2 ans. Elle facilite vraiment le contact, c’est vraiment notre joker sympathie. Elle fait des sourires et des signes de la main à tout le monde… Les deux grands sont un peu plus timides mais peut-être qu’ils nous protègent un peu aussi de certaines situations. En Amérique du Sud, par exemple, on nous a vraiment beaucoup mis en garde sur les vols, les arnaques… Pourtant, à aucun moment, nous avons ressenti cela. peut-être qu’ils n’osent pas embêter une famille avec des enfants en bas âges ? Nous prenons sûrement moins de risque aussi (pas de boite de nuit, de sortie seule ou tard le soir…) … C’est étonnamment très facile en fait. 

Comme nos enfants n’ont pas beaucoup d’écart d’âge, et qu’ils sont ultra proches et ultra fusionnels, ils se suffisent vraiment à eux même. Ils ne sont pas en manque de leurs copains. 

Dans ma famille, tout le monde voyage beaucoup.  Nous étions déjà partis en voyage avec les 2 grands, donc ils sont habitués à manger de tout, à s’adapter à tout et ils adorent l’aventure. Ce sont des enfants faciles. Plus c’est l’aventure, mieux c’est. Ils trouvent cela rigolo quand il n’y a pas d’eau et pas d’électricité. Vu qu’ils sont 3, ils sont aussi des repères les uns pour les autres. Il est vrai que le voyage peut être déstabilisant lorsqu’on change beaucoup d’endroit, que l’on traverse de nombreux de pays. Leur repère à eux n’est pas l’endroit où ils habitent mais plutôt les gens avec lesquels ils sont, la famille. 

Pourquoi avez-vous souhaité rejoindre le programme d’Ambass’Acteurs ? 

Audrey : C’était surtout pour donner au cours de notre voyage. Nous avons beaucoup de chance de le vivre et donc on avait envie de partager ça et d’apporter notre pierre à l’édifice. Cela vient s’ajouter à d’autres choses, dans une démarche plus globale : aider en voyageant. Nous avons beaucoup de chance, nous sommes très privilégiés.

J’ai vécu, depuis toute petite à l’étranger, et dans des pays défavorisés, j’ai très vite eu conscience d’être extrêmement privilégiée et j’ai tout de suite eu envie de rendre un peu de ça. 

Toujours dans une école en Indonésie

Qu’est ce que vous gardez de votre expérience en tant qu’Ambass’Acteurs ? 

Audrey : Notre rôle nous donne une certaine légitimité, une trame qui rassure les gens que l’on contacte, une cohérence dans notre démarche. De notre côté, nous avions déjà prévu d’effectuer des missions / volontariats / visites d’écoles durant notre voyage. L’intention était là mais là, nous laissons quelques chose aux écoles rencontrées. La possibilité d’accès gratuit au réseau United Schools… J’espère qu’elles vont toutes y adhérer à ce réseau, qui leur propose une certaine ouverture sur le monde. J’espère qu’on leur aura apporté une aide, un coup de pouce pour s’inscrire dans cette démarche-là.

Au delà de ça, être Ambass’Acteurs, cela a été comme un guide pour nous, qui nous permet de ne pas arriver les mains vides dans les écoles, d’avoir quelque chose à donner, à proposer, à présenter et de ne surtout pas tomber dans du simple tourisme. 

Toutes les journées passées dans les écoles ont été de très bon souvenirs pour tout le monde. On a l’impression d’être au cœur de la vie réelle d’un pays. 

Est ce que vous recommanderiez à d’autres voyageurs l’expérience Ambass’Acteurs ?

Audrey : Oui, je l’ai déjà fait, à 2 familles qui ont rejoint le programme ! C’est un bon moyen d’être guidé et de faire de belles rencontres humaines. J’en ai aussi discuté via les réseaux sociaux.